samedi 19 mai 2012

René Char, Lettera amorosa

Pour changer un peu de la littérature islandaise... Ce week-end, ultime relecture de Deuil de Guðbergur Bergsson, livre magnifique, rude, âpre, mais essentiel à paraître chez Anne-Marie Métailié au début 2013, quelques corrections de copies, organisation de l'été pour la famille et, pour se reposer et rêver un peu, quelques mots avec René Char : 
"Parfois j'imagine qu'il serait bon de se noyer à la surface d'un étang où nulle barque ne s'aventurerait. Ensuite, ressusciter dans le courant d'un vrai torrent où tes couleurs bouillonneraient.
Nos paroles sont lentes à nous parvenir, comme si elles contenaient, séparées, une sève suffisante pour rester closes tout un hiver ; ou mieux, comme si, à chaque extrémité de la silencieuse distance, se mettant en joue, il leur était interdit de s'élancer et de se joindre. Notre voix court de l'un à l'autre ; mais chaque avenue, chaque treille, chaque fourré la tire à lui, la retient, l'interroge. Tout est prétexte à la ralentir.
Souvent, je ne parle que pour toi, afin que la terre m'oublie.
Ce n'est pas simple de rester hissé sur la vague du courage quand on suit du regard quelque oiseau volant au déclin du jour."

Lettera amorosa
. René Char
Illustrations de Georges Braque et Jean Arp
Poésie/Gallimard.

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