lundi 11 octobre 2010

Critique du Septième Fils d'Arni Thorarinsson dans Télérama

Sous la plume de Martine Laval :

Le Septième Fils, Arni Thorarinsson, Polar, Editions Métailié.


L'Islande était, il y a encore peu, un pays inconnu, sinon oublié. Depuis les sept romans traduits en France d'Arnaldur Indridason (éd. Métailié), ­depuis une crise financière ­insensée (2009), depuis qu'un volcan (au nom imprononçable...) a semé la panique sur la planète entière en mai dernier, l'Islande désormais fait (presque) partie de l'Europe. L'Islande s'éveille, donc, mais avec une gueule de bois, ce qui préoccupe les auteurs de romans noirs. Le troisième roman du journaliste Arni Thorarinsson jette l'ancre dans les fjords de l'ouest et remet en selle Einar, reporter désoeuvré et détective malgré lui, rencontré déjà dans Le Temps de la sorcière et Le Dresseur d'insectes. Einar, poussé par un rédacteur en chef peu scrupuleux, traque le scoop dans une cité endormie, Isafjördur. Il s'y ennuie ferme, assiste au désastre de la presse (chute des ventes et chute de la liberté d'écrire), se coltine des politiciens véreux, des gamins paumés, des stars pas encore révélées, des immigrés apeurés. Dans une atmosphère entre chien et loup, il affronte le froid... et quelques désastres qui l'obligent à se ­réveiller : incendies criminels, tombes profanées, trafic de drogue...

Radicalement moins sombre que le terrible Noir Océan de Stefan Mani (éd. Gallimard, coll. Série Noire, 2010), ce Septième Fils joue la carte de l'humour tendre. Einar, qui a aussi quelques soucis de coeur, s'agite dans une Islande inconnue des tour-opérateurs. L'île abrite des failles volcaniques. Désormais, elle se craquelle, et de fractures politiques en failles sociales, elle perd le nord. Arni Thorarinsson écrit son pays, une nation perdue dans la mondialisation, mais où tous les espoirs sont permis !

Martine Laval

Telerama n° 3169 - 09 octobre 2010

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