dimanche 30 mai 2010

Cette photo a été prise à Paris par Karl-Ludwig Wetzig, mon collègue allemand, traducteur d'islandais qui a, lui aussi, traduit Jón Kalman Stefánsson...
J'apprécie beaucoup la composition de ce cliché, les lignes obliques que forment la lumière et l'ombre, les contrastes, les mots illuminés par le soleil et ceux qui sont plongés dans l'ombre : cette image nous en apprend bien plus de la vie qu'il n'y paraît à première vue, elle nous en apprend sur les mots et sur le silence. Jón Kalman dit cela en ces termes : "Nous sommes ce que nous disons, mais aussi ce que nous taisons."



mardi 11 mai 2010

Critique de Juan Asensio sur Entre ciel et terre

Ci-dessous, une très belle et riche critique d'Entre ciel et terre de Jon Kalman Stefansson publiée sur son site qui est, par ailleurs, une mine d'informations pour littéraires de tout poil.
Merci à lui pour ce texte :

http://stalker.hautetfort.com/archive/2010/04/20/entre-ciel-et-terre-de-jon-kalman-stefansson.html

samedi 1 mai 2010


INDRE-SOURCE

Week-end du Premier Mai. Pendant la Révolution française, mon village a été rebaptisé Indre-Source. Il a depuis repris son nom, mais il y a toujours la rivière qui coule inlassablement, et chuchotte entre les pierres. Par endroits, elle est plus calme, elle gagne en profondeur, les remous sont à peine visibles sous la surface.

Jacques Tati a tourné un film en 1947. Un musée commémore aujourd'hui ce qui fut l'événement le plus marquant de l'histoire des habitants. La Maison de Jour de Fête est un lieu à voir : http://www.maisondejourdefete.com/

Plus personnellement, il y a dans ce village les maisons de mon enfance, celle-là est de loin ma préférée, biscornue à souhait. En passant devant, je me suis aperçu que toutes les cloisons avaient été abattues, le plancher du rez-de-chaussée supprimé, mais la devanture est, pour l'instant, intacte. La cave où j'allais enfant chercher les pommes de terre pour ma grand-mère apparaît désormais à la pleine lumière : il n'y a plus aucune raison de craindre les ténèbres dans lesquelles elle était plongée, elles ne sont plus qu'un souvenir...

Bachelard affirmait qu'il fallait une cave pour avoir peur et un grenier pour rêver. Cette maison-là était à l'image de cette réflexion : la cave était noire à souhait, il n'y avait là que des pommes de terre, du charbon et un sol en terre battue. Le grenier était chaud et poussiéreux, un peu étouffant, peut-être, j'en perçois encore l'odeur et je me souviens de cette lumière douce qui entrait par la lucarne. Mon père y avait entassé ses jouets et j'y montais souvent en catimini pour regarder ces merveilles sans y toucher, sans les abîmer.

Voilà, j'ai appris que cette maison serait prochainement transformée en agence immobilière. J'ai une nouvelle raison de n'aimer que peu... les agences immobilières...




"(...) papa went to other lands
and found someone who understands
the ticking and the western man's need to cry
he came back the other day you know
some things in life may change
and some things they stay the same
like time
there's always time
on my mind
so pass me by
i'll be fine " Damien RICE, Older Chests.